Bonjour,
Pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, Pogorelich donnera un récital au théâtre des Champs Elysees le 12 décembre dans un programme exceptionnel, alternant des pièces de Chopin et de Liszt:
Chopin Sonate funèbre
Liszt 1ère Mephisto-Valse
Chopin Nocturne op. 48 n° 1
Liszt Sonate en si mineur
Ses interprétations étant depuis toujours sujettes à controverse, je donne rendez-vous sur ce forum à tout ceux qui auront assisté à ce concert pour en parler.
Hé bien, on peut dire qu'il n'a pas laissé indifférent... ça discutait ferme à la sortie. Bien sûr, "Pogo" a des conceptions très affirmées. Mais quelles ressources de toucher (toutes ces voix !), quel rayonnement sonore... Il y a l'éloquence du jeu, aussi. Liszt et Chopin, l'orchestre et le bel canto, c'était vraiment tout cela, j'ai trouvé, surgi d'un grand piano
Récital absolument passionnant comme on a relativement peu l'habitude d'en entendre. C'était la première fois que j'assistais à un de ses concerts. Je savais que Pogorelich avec beaucoup de personnalité de par ses enregistrements datant des années 80 mais ne m'attendais pas à entendre une conception si originale. J'ai été captivé de bout en bout, avec tout de même une petite préférence pour la 1ère partie.
C'est vrai que cette Sonate de Chopin était époustouflante. C'était une perspective inédite, et très personnelle ! En général on joue le 3e mouvement trop lentement. Le caractère y perd beaucoup : il n'y a plus ni marche, ni glas funèbre. Avec Pogorelich, les sonorités étaient fantômatiques. Le dernier mouvement était une course hallucinée. Quand il joue, l'harmonie est toujours très présente : c'est comme si les accords, les superpositions étaient plus riches et plus denses. Il n'est pas du genre à chantonner vaguement en reléguant "l'accompagnement" au second plan. En revanche, j'ai été un peu dérouté par la Mephisto-valse (c'est mon avis !) Et qu'avez-vous pensé de la Sonate de Liszt ? Pour moi c'était le sommet, justement
Je n'avais pas entendu Ivo Pogorelich en concert depuis près de 30 ans. Je dois dire que sa conception des oeuvres a considérablement changé (et c'est bien normal en 30 ans !). J'ai réécouté quelques jours avant le concert ses enregistrements de la sonate funèbre de Chopin et de la sonate de Liszt, et je ne m'attendais donc pas par conséquent à ce que j'ai entendu au théâtre des Champs-Elysees. Si Pogorelich n'était déjà pas un pianiste consensuel dans sa jeunesse (ce qui a déclenché le fameux scandale au concours Chopin, au cours duquel Martha Argerich a quitté le jury après son élimination au 2ème tour), ses interprétations sont encore plus personnelles aujourd'hui. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'arrondit pas les angles ! J'ai moi aussi entendu toutes sortes de réactions à l'entracte puis à la fin du concert... mais en ce qui me concerne j'ai été captivé de bout en bout. J'attends le prochain avec impatience !
A propos de M. Pogorelich, voilà une vidéo inédite, un court extrait des Tableaux d'une exposition. Ca date de 1994, et c'est fabuleux. Je l'ai entendu à cette époque au théâtre des Champs Elysées dans ces mêmes Tableaux : un son gigantesque, pas un de ces petits sons malingres. J'ai bien cru que la salle allait littérallement s'écrouler :
Oh quelle chance d'avoir pu l'entendre à cette période là. Même si j'aime toujours autant son jeu aujourd'hui, il a considérablement changé.
J'adore cette interprétation. Quel engagement et quelle prise de risque ! Comme vous dites cette version ne se rapproche d'aucune autre... Avec certes quelques excès auxquels on peut adhérer ou pas. Mais quel élan dans la phrase ! Il n'y a jamais une note figée, tout est toujours conduit, dirigé. Et quel son ! Que personnellement je n'ai jamais trouvé "dur", contrairement à ce que j'entends dire ici et là à son sujet.