Bonjour,
Pour Bach, il faut surtout comprendre la période baroque, la lecture horizontale et verticale et garder le même tempo du début à la fin de l'oeuvre. Pour cela, mieux vaut se plonger dans les fugues pour pouvoir bien cerner l'écriture de Bach. Il faut surtout beaucoup écouter les cordes chez Bach pour cerner la technique pianistique. Ceci n'est qu'un avis bien-sûr, en espérant que cela puisse vous aider.
Lorsque l'on écoute les interprétations de Bach au piano, il y a clairement deux tendances, l'une étant plus "classique" que l'autre. J'entends par là que l'une fait abstraction de l'instrument moderne pour extraire l'essence même de l'oeuvre, tandis que l'autre utilise toute la richesse de nos instruments et leurs possibilités de timbres (avec l'emploi de la pédale notamment), et sort ainsi l'oeuvre de Bach de son époque, la rendant en quelque sorte intemporelle. Difficile de choisir une tendance plutôt qu'une autre, non ?
Je dirais que les deux tendances sont tres difficiles a appliquer. J'ai mis des annees avant d'apprecier Bach au piano. Je le preferai au violoncelle, ou je me donnais a coeur joie dans les Suites. Aujourd'hui, j'arrive enfin a cerner toute la richesse de sa composition. Il faut beaucoup de maturite pour le comprendre, l'apprecier et surtout le jouer! Vous comptez vous lancer dans quelle oeuvre?
Comment jouer Bach au piano ? Vaste débat ! Personnellement je n'aime pas les pianistes qui "romantisent" Bach en usant du rubato et de la pédale. J'aime ceux qui mettent en valeur la polyphonie à travers un jeu "clair" et des lignes bien conduites. Dans mon esprit, cela ne signifie pas pour autant qu'il faille être totalement transparent et ne pas se servir des possibilités dynamiques du piano moderne. L'approche idéale à mes yeux (et surtout à mes oreilles !) se situerait donc entre les deux.
Bach, c'est la perfection, on est tout à fait d'accord. La question que je me pose concerne la manière de l'interpréter et surtout le fait de chercher ou pas à se rapprocher de la sonorité du clavecin. Cela a aussi une incidence sur la manière de phrasé, donc change considérablement le travail. Bien que mon objectif ne soit pas d'imiter telle ou telle interprétation, voici deux exemples dans le prélude et fugue en do mineur du 2ème livre pour illustrer mes propos :
On voit bien la différence radicale d'approche entre Edwin Fischer et Glenn Gould. Hormis le choix des tempos, Edwin Fischer phrase beaucoup plus, avec un jeu très legato, qui se rapproche plus des cordes. Tandis que l'on entend la sonorité des cordes pincées du clavecin dans le jeu de Glenn Gould dès le début du Prélude, et encore plus dans la Fugue...
Avez-vous une préférence ? Et pourquoi ?
Alors que le prélude d'Edwin Fischer est magnifiquement phrasé (même si la pulsation est un peu instable), celui de Glenn Gould manque à mon sens cruellement d'intérêt.
Dans la fugue, il y a vraiment deux approches opposées. Celle d'Edwin Fischer se caractérise par une vraie poésie, voire une certaine mélancolie, dans un jeu très legato tandis que celle de Gould entièrement détachée est plus analytique et met particulièrement bien en relief la polyphonie.
Difficile de choisir entre les deux mais j'ai tout de même une préférence pour Edwin Fischer.
René Morin, votre avis sur l'interprétation de Glenn Gould me semble un peu radical. Je ne pense pas qu'elle manque d'intérêt. Il s'agit d'un choix délibéré - comme toujours chez Gould qui n'est jamais tiède ! - d'aller "droit au but". Plutôt que de phraser ce flux continu de doubles croches, Gould met en valeur l'aspect rythmique avec une accentuation assez marquée.
Difficile en ce qui me concerne de choisir une voie, de trouver ma voie...
Je vous admire tous de jouer les preludes et fugues ! Je suis passionnée par Bach et le piano en général ,mais je ne joue assez bien et souvent pas au bon tempo les inventions . C'est le déchiffrage qui me paralyse par sa difficulté de lecture !
Mon maitre pour Bach est G Gould car il pénetre la musique jusqu'à l'âme !
Il me semble que certaines oeuvres se prêtent à l'utilisation de la pédale, d'autres pas du tout.
Personnellement je mets beaucoup de pédale dans le 1er prélude du CBT I, un peu dans le 12 ème du CBT II et pas du tout dans les autres préludes ou inventions où il me semble préférable de mz rapprocher de la sonorité clavecin.