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De l'impact du trac...

  • georges morel
    • 21 message(s)
    21 janvier 2016 21:06:34 CET

    Bonjour,

     

    Avez-vous remarqué ? Plus on met d'enjeux importants sur ce moment où on va jouer, plus on ressent du trac, et plus les performances dégringolent, et peuvent aller jusqu'à la catastrophe la plus totale. Personnellement, même si je joue un morceau que je connais, et que techniquement je maîtrise, il suffit que je pense au fait que du monde va m'écouter... Je l'ai vérifié au saxophone il y a 3 ou 4 ans, je devais interpréter un morceau qui était à la limite de ce que je savais faire - African Skies, Michael Brecker - et au dernier moment, j'ai quelqu'un qui est venu parce que je jouais, une personne que je n'avais pas vue depuis longtemps et qui compte pour moi. Résultat, ça a été un massacre. En fait, en situation de stress, on oublie toutes les "clés" du morceau, toutes les consignes à respecter absolument, tous les enchaînements à ne pas rater, on donne tête baissée dans tous les panneaux qu'il faudrait éviter et qu'on a pourtant soigneusement balisés auparavant, etc. On loupe les changements de tonalités, que sais-je encore ? Je dirais, personnellement, que je suis à 40 pour 100 de mes possibilités, en cas de stress. Et je parle là pour le sax. Si j'ajoute à ça que le clavier et moi c'est une vieille histoire, une histoire qui a tendance à me paniquer, alors là, à mon avis, je peux tomber à 10 pour 100, voire moins. Déjà, je me souviens que lorsque je travaillais la technique aux claviers, seul, juste comme ça dans mon coin, quand je voyais que ça commençait à venir, le simple constat que ça marchait tout seul déclenchait une euphorie teintée d'angoisse qui aboutissait, en général, à un planton monstre dès la mesure suivante.

    Et vous, ça vous fait quel effet ?

    Et si vous avez des parades, quelles sont-elles, sans indiscrétion ?

    A vous lire,

  • christine S
    • 86 message(s)
    21 janvier 2016 22:05:33 CET

    Bonjour,

     Dans ce même forum, il y a une discussion sous le titre : 

     le trac au piano

     Allez voir, vous nous direz ce que vous en pensez

    Christine S

  • georges morel
    • 21 message(s)
    21 janvier 2016 22:10:17 CET

    Merci. Désolé de faire double emploi. Si on veut effacer mon truc, je ne m'en offfusquerai pas.

  • christine S
    • 86 message(s)
    21 janvier 2016 22:45:00 CET

    Pas du tout ! au contraire !

     Comme vous nous demandiez ce qu'on pense du trac, je voulais juste vous montrer quelques reponses que nous avions faites 

  • georges morel
    • 21 message(s)
    22 janvier 2016 01:22:56 CET

    Danke schön !

     

  • 1 février 2016 21:08:32 CET

    bsr,

    moi meme j ai deja ete victime de trac lors d un concour vous vous imaginer des pieces travaillées,buchées et mémorisées, mais lors de la prestation jai eu le trac apres cela j avais été litéralement détruis.pour pallier au trac je pense qu il faut baucoup travailler la concentration mais comment je sais pas. s il vous plait si vous avez d avantage de gadgets partager avc moi. merci

  • georges morel
    • 21 message(s)
    8 février 2016 21:45:30 CET

    Personnellement, je serais mal placé pour donner des conseils, des astuces, trucs ou autres. Surtout en ce qui concerne le piano, car entre lui et moi, c'est une vieille histoire et s'il y a un domaine dans lequel je doute de moi, c'est bien la musique. Et s'il y a des zones particulièrement douloureuses et problématiques chez moi, c'est bien dans tout ce qui gravite, de près ou de loin, autour des claviers. Je me traite de fou chaque fois que je me remets devant et depuis peu, j'ai pris la décision, sans doute stupide, de reprendre des cours, etc. Paradoxe.

    Ce que je peux dire, après m'être essayé à la batterie, aux percussions, aux claviers et au sax, c'est que lorsque on joue, surtout devant public, il faut en avoir "sous le capot". Je veux dire par là, il ne faut pas se pointer et jouer un morceau où on est à la limite de ses capacités. Car il faut compter avec le trac, qui va amener pour une part incertaine, une dégradation de la performance. A mon avis, si on joue devant public, il faudrait arriver et savoir qu'on va devoir utiliser environ, mettons au maximum 60 pour 100 de ses capacités. Avoir une marge confortable. Et même comme ça...

    Perso, quand je travaillais le sax, mon prof voulait préparer des morceaux. Les profs sont tous comme ça, ils veulent pouvoir montrer des résultats en fin d'année. Moi, j'ai un défaut : je ne peux pas travailler un morceau qui ne me plait pas. Je sens que ça va poser un problème avec mon prof de piano, qui est un super intégriste jazz. Mais bon, c'est une méga pointure dans la région, je ne trouverai pas mieux, alors j'accepte le deal. Mais voilà, je m'y attends, je l'ai rencontré deux fois déjà, et j'ai vu le bonhomme que c'est, bonjour le calibre ! J'en ferai abstraction, voilà tout. Mais il est sûrement incapable d'accepter qu'on puisse ne pas aimer tel ou tel standard, pour lui, tout est... sacré. Bref, mon prof de sax, lui, l'acceptait, mais ça n'était pas facile de trouver quelque chose qui fût à peu près en phase avec mes capacités, et qui eût l'heur de me plaire. J'avais jeté cette année-là mon dévolu sur "African Skies" de... Michael Brecker ! Il était, et restera longtemps je pense, le type le plus fou au sax que j'aie jamais entendu, un véritable extra terrestre ! Et moi, inconscient, j'osais affronter une des ses créations ! J'étais vraiment dans mon monde, à cette époque. Bon, je me disais, je vais jouer ce morceau, certainement pas comme lui, mais il me plait, il me fascine. Mais rien que pour interpréter le thème, j'étais à la limite de mes possiblités. J'étais super motivé, je travaillais beaucoup... Cependant, il m'aurait fallu deux ou trois années d'expérience en plus.
    Le jour du concert, j'ai revu une personne que je n'avais pas vue depuis longtemps. Qui avait disparu après une histoire particulièrement dure, bouleversante. Bon, le méga choc, quoi. En fait, elle est venue parce qu'elle a entendu dire que j'allais jouer. Mais ça m'a filé une telle secousse... ce fut un désastre. Enfin, moi, en tous cas, je m'en suis rendu compte. Mon prof idem. En plus, parce que ça s'appelait African Skies, ils ont fait participer une abrutie intégrale qui joue des djembés et qui ne capte strictement rien à la musique européenne, n'a aucune culture, ne s'y est jamais intéressée, etc. Et passablement cinglée, qui plus est. Un cas, un cas lourd. Et elle était à la rue, tout du long. Il y a un endroit où on ralentit, on s'arrête... elle a tracé comme un bourrin, sans rien écouter. Un véritable sabotage, involontaire mais dévastateur. Bref, mauvaise souvenir.

    Donc, ne jamais se pointer en étant "à bloc"...

    Et, au passage, ne jamais jouer à l'arrache devant public, avec des gens qui n'ont pas répété le morceau, ne le connaissent même pas, n'ont pour lui aucun respect, etc.


    Après, quoi ? Avaler un ou deux verres d'alcool avant de jouer ? Certes ça déshinibe, ça dédramatise. Mais les performances aussi, risquent d'être perturbées. Et puis, sur le long terme, ne risque-t-on pas de devenir alcoolique ? Et le jour où on n'a pas moyen de boire, comment fait-on ? J'imagine mal que ça soit une solution. Fumer un pétard ? Personnellement, j'ai arrêté de fumer quand j'avais 20 ans et personne ne me fera avaler de la fumée dans mes poumons, pétard ou pas. Non, je n'ai aucune réponse.

    Peut-être se dire qu'au fond, il y a des choses autrement plus importantes et graves dans la vie. Relativiser. Lâcher prise. Mais c'est tellement peu inscrit dans notre culture, d'une. De deux, les milieux de la musique, et surtout dans le classique, sont hantés par un perfectionnisme obsessionnel, axé sur le technique qui plus est... Donc tout ça est compliqué.

    Oui, bien compliqué, je trouve.

  • Odile P
    • 17 message(s)
    9 février 2016 12:24:53 CET

    Dans les cas vraiment pathologiques, avec des manifestations somatiques ( corporelles) comme palpitations, tremblements, sueurs, troubles digestifs...etc....il n'est pas interdit de se faire aider par son médecin, qui prescrira de petites doses ponctuelles d'un médicament béta bloquant après avoir écarté les quelques contre-indications qui pourraient en rendre l'usage plus ou moins dangereux.

    Franchement c'est bien mieux que de recourir à l'alcool ou aux psychotropes qui risquent de perturber la vigilance et diminuer les capacités pianistique ( le plus grave étant que dans ce cas l'intéressé ne s'en rend pas compte!)
    Pas d'effet sur le système nerveux, c'est d'ailleurs souvent prescrit aux candidats au permis de conduire trop émotifs! ( alors que le petit verre....)

    Rodrigue Anicet il me semble que dans votre cas, ce serait envisageable ( après avis médical bien sûr)

    Beaucoup de musiciens  consomment occasionnellement ces produits et en sont satisfaits. J'ai testé : ça marche! On ne joue pas mieux ( faut pas rêver!) mais plus de tremblements et de quasi-paralysie. Je n'hésiter plus à jouer en public ( restreint tout de même!)

    La prise de médicament n'empêche pas d'appliquer les autres conseils, en particulier celui-ci ci dessus de georges morel::

    A mon avis, si on joue devant public, il faudrait arriver et savoir qu'on va devoir utiliser environ, mettons au maximum 60 pour 100 de ses capacités. Avoir une marge confortable. Et même comme ça...

     

  • virginie dutour
    • 11 message(s)
    4 mars 2016 16:23:20 CET
    georges morel dit:

    Bonjour,

     

    Avez-vous remarqué ? Plus on met d'enjeux importants sur ce moment où on va jouer, plus on ressent du trac, et plus les performances dégringolent, et peuvent aller jusqu'à la catastrophe la plus totale. Personnellement, même si je joue un morceau que je connais, et que techniquement je maîtrise, il suffit que je pense au fait que du monde va m'écouter... Je l'ai vérifié au saxophone il y a 3 ou 4 ans, je devais interpréter un morceau qui était à la limite de ce que je savais faire - African Skies, Michael Brecker - et au dernier moment, j'ai quelqu'un qui est venu parce que je jouais, une personne que je n'avais pas vue depuis longtemps et qui compte pour moi. Résultat, ça a été un massacre. En fait, en situation de stress, on oublie toutes les "clés" du morceau, toutes les consignes à respecter absolument, tous les enchaînements à ne pas rater, on donne tête baissée dans tous les panneaux qu'il faudrait éviter et qu'on a pourtant soigneusement balisés auparavant, etc. On loupe les changements de tonalités, que sais-je encore ? Je dirais, personnellement, que je suis à 40 pour 100 de mes possibilités, en cas de stress. Et je parle là pour le sax. Si j'ajoute à ça que le clavier et moi c'est une vieille histoire, une histoire qui a tendance à me paniquer, alors là, à mon avis, je peux tomber à 10 pour 100, voire moins. Déjà, je me souviens que lorsque je travaillais la technique aux claviers, seul, juste comme ça dans mon coin, quand je voyais que ça commençait à venir, le simple constat que ça marchait tout seul déclenchait une euphorie teintée d'angoisse qui aboutissait, en général, à un planton monstre dès la mesure suivante.

    Et vous, ça vous fait quel effet ?

    Et si vous avez des parades, quelles sont-elles, sans indiscrétion ?

    A vous lire,

    C'est absolument dingue ce que je lis et je ne l'ai jamais lu!!!!Merci à vous d'avoir écrit ce message que je découvre aujourd'hui!!!!Je suis exactement comme vous....au piano!!Rien que le fait de m'installer au piano ne serait-ce qu'à côté de mon prof (qui a,entre nous soit dit en tout cas 3 décennies de moins que moi),me fait faire des fautes d'enfant qui commence !!!!!!J'ai essayé de m'exercer au mois de juin,lors de la fête de la musique dans un joli parc à l'extérieur.....toute seule,génial.....dès qu'arrive une personne pour m'écouter la prestation est pathétique.....

    Merci d'avoir envoyé ce message qui me conforte dans la volonté de continuer......C'est foutu,à l'âge que j'ai,je ne guérirai jamais!!!Je fais du jazz-amateur et je ne travaille plus.Je suis contente de ce que je joue,en solitaire!

    Des parades?........ Connais pas.

    Virginie

     

     

  • christine S
    • 86 message(s)
    4 mars 2016 22:49:10 CET

    Avez vous regardé le sujet : Le trac au piano dans ce blog ? Plein d'idées à prendre

     Il faut rester dans sa bulle, ne jamais jouer en fonction des autres , mais tout simplement pour se faire plaisir.Ne pas se dire: je ferai tres bien............Il faut aussi prendre l'habitude d'aller jusqu'au bout du morceau chez soi, seul, à des moments que vous avez decidé. Et là, quoi qu'il arrive, vous continuez . Cela vous apprend à vous maitriser .

     Un jour, une mauvaise cantatrice se vanta devant La Callas de ne jamais avoir le trac.

     Reponse de la Diva: Ne vous inquiettez pas, cela viendra avec le talent .

     Même A Rubinstein avait parfois des trous de memoire par trac : En plein concerto, il lui est arrivé de s'arreter, et reprendre.

  • virginie dutour
    • 11 message(s)
    5 mars 2016 05:10:39 CET
    christine S dit:

    Avez vous regardé le sujet : Le trac au piano dans ce blog ? Plein d'idées à prendre

     Il faut rester dans sa bulle, ne jamais jouer en fonction des autres , mais tout simplement pour se faire plaisir.Ne pas se dire: je ferai tres bien............Il faut aussi prendre l'habitude d'aller jusqu'au bout du morceau chez soi, seul, à des moments que vous avez decidé. Et là, quoi qu'il arrive, vous continuez . Cela vous apprend à vous maitriser .

     Un jour, une mauvaise cantatrice se vanta devant La Callas de ne jamais avoir le trac.

     Reponse de la Diva: Ne vous inquiettez pas, cela viendra avec le talent .

     Même A Rubinstein avait parfois des trous de memoire par trac : En plein concerto, il lui est arrivé de s'arreter, et reprendre.

     

  • virginie dutour
    • 11 message(s)
    5 mars 2016 05:13:18 CET

    Merci pour ce message encourageant,Christine!

    C'est sûr que c'est tout un travail à faire,j'ensuis bien consciente.

    Je vais aller guigner sur le sujet dont vous me parlez.

    Bon week-end!

  • georges morel
    • 21 message(s)
    5 mars 2016 22:11:28 CET

    Hello everybody,

    Je suis allé voir l'autre sujet. C'était il y a quelque temps, il a sans doute bougé dans l'intervalle.

    Jouer pour soi ? Cela dépend. Personnellement, je n'ai jamais pensé à faire du piano tout seul dans mon coin. Pour moi, c'est indéniablement lié à la pratique du jeu en groupe. Je suis compositeur et je me commets dans des musiques qui sont à la frontière entre jazz, rock, musiques répétitives, enfin, bref, des trucs un peu obscurs, pas connus du grand public, ni rentables. C'est pour ça du reste que je n'ai jamais réussi à rassembler une équipe. Disons, cette raison "économique", plus mon manque de technique, il faut l'admettre aussi. Je suis bien plus compositeur qu'autre chose, dans le domaine de la musique. Enfin, pour ceux qui vont trouver ça valable, mais je ne doute pas du fait que d'autres diraient que ça ne vaut pas un clou.

    De ce fait, ayant beaucoup mentalisé, ayant énormément utilisé les outils informatiques pour créer des musiques, je me suis peu à peu éloigné de la pratique de l'instrument. A tort !

    Mais si je m'y remets, ça ne sera pas, non, certainement pas pour rester planté devant un piano, tout seul.

    S'il me vient un niveau, si je sens que j'ai de quoi assurer, je chercherai systématiquement à jouer. Alors, avec qui ? Le plus probable, ce serait avec les gens qui font du jazz, même si, dans ma région, j'ai déjà eu des contacts avec eux et ça ne s'est pas forcément toujours bien passé. Mais je ne me vois pas errer dans le milieu rock, et puis il y a plein de gamins qui montent des groupes et qui se contentent de reprendre - parfois esquinter, massacrer - ce qu'ils entendent à la radio, ou à la télé, ou sur Youtube et que sais-je encore. Si c'est pour faire ça...

    S'il me vient un niveau, je ne proposerai plus mes compositions. Mais comme je suis assez exigeant, je pense que je me rapprocherai des milieux jazz, car c'est une musique très riche harmoniquement. Par contre, ça craint : ce sont des gens constamment en train de s'évaluer et se juger mutuellement. Pas forcément sympa. Mais que faire ? Rester isolé ? Pas question, pour moi.

    Bon, on continue... Merci de me donner la réplique. J'ignore si j'en suis seulement digne.

  • virginie dutour
    • 11 message(s)
    6 mars 2016 07:12:14 CET

    Bonjour!

    Il n'y a pas de problème pour donner la réplique à un  internaute,d'autant plus que sur le net, on peut "se lâcher",sans avoir de retour de manivelle.

    Pour m'être rapprochée de plusieurs musiciens patentés et concertistes,depuis une quinzaine d'années,je crois pouvoir dire qu'il faut réussir à leur " arracher " quelques bribes de savoir et de technique.......Alors,de là à envisager de pouvoir jouer avec eux......

    Je l'ai expérimenté,souvent à mes dépens et je ne tente plus l'expérience.....Avec l'âge on est plus fragile.....

    Mais bref,j'aurais de nombreux exemples à évoquer sur le sujet,mais je n'aime pas être dans des pensées négatives.

    Disons que je n'ai pas rencontré les bonnes personnes,mais il n'empêche que je refuse de me dévaloriser par rapport aux autres.

    Si je le faisais (mais je ne le fais plus),ce serait à partir de mon évolution et de mes résultats,pas parce que les autres "me" remettent en question.

    Voilà mon ressenti aujourd'hui et mon parcours musical est loin d'être fini....

    Je joue seule Fats Waller,Moncef Genoud,compositeur non voyant Suisse,Cole Porter et de nombreuses musiques de films(virgin suicides,par exemple, et surtout Michel Legrand).

    Je souhaite à tous un excellent dimanche!

    Virginie

     

  • georges morel
    • 21 message(s)
    27 juin 2019 19:13:24 CEST

    Hello, me revoilà.

    J'ai eu l'occasion de retrouver des cours, avec un super jazzman de ma région, une méga pointure. Bon, mais il avait très peu de temps. Il me recevait gentiment, n'a pas du tout accepté que je lui donne de l'argent. Il a dit que j'avais une très bonne oreille, et des idées. Je lui ai demandé si j'étais catastrophique, si je devais renoncer, il m'a juste dit non, il faut travailler, voilà tout. Bon, avec lui, j'ai repris des standards de jazz que j'avais déjà travaillés, des "Laura", des "Days of wine and roses", et autres "Night and day". Mais bon, à la fin de l'année, comme le gars dirige une école de musique et que son comptable a fait un infarctus, il s'est retrouvé à devoir tenir les comptes en plus, et déjà qu'il était bousculé à bloc... Bref, on arrête là. J'ai repris contact avec mon ancien prof (une pointure dans le jazz lui aussi), mais pour l'instant, avec l'été qui arrive...

    Ce qui m'interroge, c'est le paradoxe, mon hétérogénéité dans le domaine de la musique. J'ai une très grande facilité à composer, une super oreille, très fiable (relative, pas absolue, mais pour ce que ça sert..), des idées, j'ai bien pigé comment fonctionnent certaines musiques - je m'intéresse au jazz fusion, le rock progressif, ce genre de mouvance), les musiciens de ma région savent que je suis bon là-dedans... Il y a même un projet de disque en cours. Mais je bloque pour jouer. Je m'y suis remis il y a 3, 4 ans, et je plafonne, j'ai l'impression de jouer avec mes orteils, ou quasiment. Je me retrouve devant un piano, je stresse, je n'ose pas y toucher, je m'en trouve indigne, etc.

    Allez comprendre. Si j'étais nul sur toute la ligne, ce serait simple, je renoncerais. Mais là, il y a cette très grande créativité, cette capacité à entendre de la musique dans sa tête et à l'obliger à prendre forme, cette musicalité intérieure...

    Il semble qu'en définitive, tout se passe dans la tête. Certes, ça passe par les doigts. Mais si on se sent incapable, indigne, si on stresse rien que de se retrouver devant un piano... Si on trimballe un syndrome de l'imposteur ou je ne sais quoi...

    Enfin, il y a des moments où ça vient, je le sens.

    Mais je me souviens, quand j'étais plus jeune, j'ai énormément travaillé la technique à un moment donné et je me rappelle parfaitement que lorsque ça se mettait à marcher vraiment, quand ça tournait "en roue libre", le plaisir que ça me procurait créait un trouble tel que tout à coup, je n'étais plus en roule libre, mais en train de "m'observer en train de", voyez ? Et là, ça partait dans le décor, garanti.

    Par la suite, ça m'a fait ça aussi sur les percussions Cubaines, alors que j'auditionnais pour entrer dans un groupe de salsa. Evidemment, ils ne m'ont pas pris.

    Je suis passé par les percussions Cubaines (j'adore ces sonorités), j'ai bifurqué vers le sax soprano, mais finalement, je reviens au piano et j'essaie d'affronter, de ne plus reculer. J'adore le piano, surtout le Fender Rhodes, ce son est pour moi... magique.

    A vous lire,


    Ce message a été modifié par georges morel le 26 juillet 2019 21:29:59 CEST