Le 15ème concours international Tchaïkovsky est retransmis en direct et en intégralité par Medici.tv
http://tch15.medici.tv/fr/live/piano
N'hésitez pas à faire part de vos commentaires sur ce 1er tour dans ce fil de discussion.
Voici la liste des 12 pianistes sélectionnés pour le 2ème tour (récital + concerto de Mozart)
#3: Sergey Redkin
#7: Maria Mazo
#15: Reed Tetzloff
#16: Ilya Rashkovsky
#19: George Li
#20: Lucas Debargue
#22: Lukas Geniušas
#27: Daniel Kharitonov
#28: Julia Kociuban
#29: Mikhail Turpanov
#35: Nikolay Medvedev
#36: Dmitry Masleev
Pour linstant aucun candidat n'a démerité mais il me semble que deux pianistes dominent assez largement le concours.
Tout d'abord, Lukas Genusias à qui le premier prix ne devrait pas échapper. A 24 ans, il est un musicien et un pianiste extrêmement complet qui va briller sur la scène internationale sans delai.
Ensuite, George Li dont la maitrise du clavier et du son est absolument éblouissante. On a presque envie de dire du jamais vu et jamais entendu. Son programme du second tour a été assez tocard avec surtout des pièces virtuoses. Je ne pensais pas pouvoir encore écouter avec intérêt la 2° Rhapsodie Hongroise de Lizst mais je vous recommande le replay et je ne vois pas qui pourrait y résister.
A 19 ans il mérite le tremplin !
Même si c'est un peu marier la carpe et le lapin, deux premiers prix ex aequo seraient assez chic...
Finalement, aprés le récital de second tour qu'il vient de terminer, Lukas Genusias ne partagera le premier prix avec personne !
Je ne vois pas qui dans la jeune génération peut exceller à ce point dans Beethoven ,Brahms, Chopin et Prokofiev. A 24 ans,il a déjà la classe des grands aînés.
Kharitonov qui prend la suite est, pour sa part, encore un jeune animal de conservatoire et on apprécie sans difficulté la différence...
Je partage à 100% votre avis Serge !
Geniusas a été très impressionnant. Jouer la 1ère sonate de Brahms ainsi n'est vraiment pas donné à tout le monde. Son jeu est une alchimie parfaite entre intensité, tension, virtuosité (jamais gratuite !) et poésie. Je ne crois pas avoir déjà entendu des études de Chopin jouées ainsi en concert. La 4ème était tout simplement ébouriffante. Et quelle subtilité dans la 6ème. Le final de la 7ème sonate de Prokofiev a été également un moment très fort, très intense de la 1ère à la dernière note, avec une tension extrême dans le climax de la dernière page.
Un point de la situation, juste avant la deuxième partie du 2e tour qui verra les candidats jouer un concerto de Mozart. Des confirmations et quelques déceptions :
Trois candidats nous semblent mener les débats : Geniusas a été impérial, Li assez époustouflant (malgré un programme peu passionnant). Lucas Debargue est allé encore plus loin qu'au premier tour, avec une sonate de Medtner conduite telle une épopée et un Gaspard de la Nuit passionnant, particulièrement Ondine, d'une transparence cristalline. Scarbo prend tous les risques - fin hallucinée et ultimes mesures offrant un contraste saisissant entre les mains droite et gauche. Les moscovites lui ont fait un véritable triomphe. D'outsider, il est passé au statut d'un des favoris.
Tetzloff et Mazo n'ont pas confirmé les très bonnes impressions de premier tour. Quelques hésitations, un souffle un peu court pour le premier, un manque de flamme pour la seconde.
Rashkovsky et Kociuban possèdent un jeu solide. Mais sans grande personnalité, ils ennuient vite.
Et les cinq derniers russes ?
Turpanov convainc plus par l'aspect éruptif de ses lectures (Messiaen, Scriabine) que leur précision (Variations Haendel de Brahms éprouvantes). Masleev est une machine à doigts. Reconnaissons lui une Totentanz impressionnante.
Redkin déploie un jeu toujours clair : splendide 8e sonate de Prokofiev. Medvedev est un pianiste extrêmement sur, qui n'en fait jamais trop. 6e sonate de Prokofiev de très bonne tenue, mais éclipsée par le souvenir encore récent d'une fabuleuse interprétation en concert de Behzod Abduraimov - qui devait être présent à ce concours et a finalement jeté l'éponge au dernier moment (sans doute n'a t-il pas eu tort).
Enfin Kharitonov, 16 ans, qui fait meilleure impression qu'au premier tour. Il a un grand avenir mais, pour l'instant, tout n'est pas abouti. Cependant la Chaconne de Bach/Busoni se tient (malgré une certaine inertie) et la Rhapsodie de Liszt a du panache.
Notre pronostic à ce stade pour les six candidats admis en finale :
Geniusas, Li, Debargue, Redkin, Medvedev, Masleev.
Reste à savoir si l'épreuve du concerto de Mozart pourra changer la donne.
Sergey Redkin dans Mozart (K.414) manque à mon avis cruellement de subtilité dans ses phrasés malgré quelques beaux moments dans le mouvement lent. Cadences (du pianiste ?) hors sujet (citation de la marche turque dans le 3ème !). Et une petite harmonie des Solistes de Moscou catastrophique. Sans parler des attaques avec le piano qui sont presque systématiquement à coté...
L'exposition de l'orchestre dans le do majeur K.467 n'est pas très inspirante. Lourde ! Le piano de Maria Mazo est dans la même veine: son épais et phrasé sans subtilité. 2ème mouvement ennuyeux et toujours aussi peu inspiré avec une sonorité bien trop marcato. Final brillant mais manquant toujours autant de finesse.
Avec Reed Tetzloff dans le 23ème concerto, les qualités requises dans Mozart sont enfin présentes: un jeu inspiré, des phrasés subtilement dessinés et une très belle sonorité. Il manque cependant une certaine magie à son 2ème mouvement, même s'il est bien difficile de s'élever avec un tel orchestre... Le 3ème est bien mené par le pianiste mais aurait pu être un peu plus éclatant.
Pour cette 2ème partie de journée, l'orchestre de Chambre de Moscou remplace les Solistes de Moscou. Les cordes à la sonorité relativement acide sont peu convaincantes mais l'harmonie est nettement supérieure et l'ensemble est finalement beaucoup mieux équilibré et mieux dirigé. Bien qu'Ilya Rashkovsky parvienne à instaurer un réel dialogue avec l'orchestre, l'ennui s'installe rapidement tant son jeu paraît léthargique et les tempos trop lents. Des attaques parfois trop directes empêchent aussi la main droite de chanter avec naturel.
Entièrement d'accord Richard. Mais j'ai un faible pour le Mozart de Lucas Debargue. Plus profond. Plus poétique aussi. Avec une très large palette de couleurs. Et toujours en osmose avec l'orchestre et le chef. Quelle audace aussi, de jouer sa propre cadence ! Ce garçon prend des risques et il est à la hauteur des risques qu'il prend.
J'ai quelques difficultés à me mettre au diapason de l'enthousiasme général au sujet de Debargue.
Certes un côté halluciné et possédé par la musique qui doit faire son effet quand on est dans la salle.
Mais pas mal d'imprécisions et d'inexactitudes pour ne rien dire de cette manière désordonnée de jouer du piano qui est d'une autre époque.
Son look "Jeune Mahler" semble plaire aux moscovites et cela l'amenera peut être en finale...
Pour moi cela serait d'abord Geniusas, Li, Tetzloff puis cela se joue entre Redkin, Rachkovsky, Medvedev, Kharitonov ou Mazo parce qu'il faut bien une femme.
Il suffit de le voir jouer Scarbo et comparer avec l'attitude de la plupart des candidats face à un piano.
Personellement je suis plus impressionné par la maitrise impériale d'un Geniusas que par les grands gestes emphatiques, mais il y a surement plus d'une façon de courir de courir un marathon...