L'une des mes versions préférées également ! Sa science de la polyphonie et des plans sonores met magnifiquement en relief l'aspect orchestral de cette transcription. Et quel début ! Démoniaque telle une Mephisto-Valse... avec cette tension et cette pulsation immuable, qui contraste superbement avec le lyrisme du 2ème thème.
Très impressionnante cette Valse ! Mais je garde en mémoire une version en concert à 2 pianos du duo Argerich-Freire qui date d'une vingtaine d'années. Je me souviens encore d'une ascension sonore phénoménale (débutant ppp et se terminant fff) qui ici est un peu "écrasée" par un début qui manque à mon avis de mystère...
Argerich et Freire sont hors concours pour ce qui est de la version 2 pianos. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la version pour deux mains (que tous les pianistes "arrangent" plus ou moins à leur façon, la version "brute" n'étant guère réalisable telle quelle), très peu jouée ne serait-ce qu'il y a une quinzaine d'années, bénéficie de la faveur de très nombreux pianistes. Mais hélas trop souvent de pianistes qui y voient l'occasion de montrer leurs muscles (déplorable Katia Buniatishvili en concert, qui pulvérise sans autre forme de procès le malheureux Ravel...).
Mais René, Gould n'est jamais trop mystérieux, vous avez raison ! Sauf peut-être dans Scriabine, ou dans tout ce qui nécessite "l'installation d'une ambiance spéciale", pour parodier Pougin. En général, je le trouve même très prosaïque, dans son staccato, dans sa métrique implacable. Bien sûr, ses qualités sont époustouflantes, sa musicalité réelle mais .... mais ... ici, c'est l'anti-impressionnisme, le refus de la sensualité sonore. C'est la seule chose qui me gêne ici, comme ailleurs chez Gould
Exemple, ce Schubert ("musique timide"! raille Gould)
'en pense la même chose